La division Brandebourg en Belgique (mai 1940.
Lorsque les troupes allemandes atteignent Ostende au nord, et Calais au sud, elles enferment le corps expéditionnaire britanique ainsi que l'armée française du général Blanchard dans une nasse, qu'elles cherchent à réduire au maximum pour les acculés à la capitulation. Mais les troupes d'invasion rencontrent un problème de taille malgré leur victoire éclaire sur les armées alliées: à 17 km à l'ouest d'Ostende, dans la zone encore occupée par les Anglais, se situe la ville de Nieuport, où se trouve une puissante écluse à la sortie vers la mer. Celle-ci commande l'inondation éventuelle de toute la région avoisinante qui est sous le niveau de la mer. En 1914, l'armée belge la fit sauter, ce qui a rendu Dixmude imprenable, et permis d'arrêter définitivement l'invasion allemande. Pour l'armée allemande, il faut éviter à tout prix que cela se reproduise.
Jeter l'infanterie en avant pour occuper Nieuport n'est pas la bonne solution. Aucun doute ne plane sur le fait que les écluses sont minées, la seule raison pour laquelle elles n'ont pas encore sautés, c'est que l'inondation gênerait les alliés. Leur destruction a donc été logiquement retardée, mais l'apparition des troupes d'avant-garde allemandes dans ce secteur donnerait immédiatement le signal. Le commandement allemand doit impérativement trouvé une autre solution. C'est pourquoi sont choisi les "Brandebourgeois" pour cette mission qui leurs convient parfaitement.
Ce coup de main est confié au sous-lieutenant Grabert et à ses hommes. Ils partent de Cologne, où ils étaient en permission de détente après leurs actions en Hollande, et roulent vers Destelbergen près de Gand. A leur arrivée, ils sont mis au courrant de leur mission: empêcher la destruction des écluses de Nieuport.
Pour permettre à la section de Grabert d'arriver à pied d'œuvre, on lui offre un petit autobus qui porte encore le nom d'un hôtel de la région. Ils roulent vers Nieuport et quand ils y arrivent, ils traversent la ville et arrivent en vue de la fameuse écluse. Au même moment, le petit bus est pris sous le feu des mitrailleuses anglaises. Les Anglais tirent par principe sur tout ce qui bouge, mais n'ont pas deviné les intentions de cet inoffensif autobus. Les "Brandebourgeois" vont s'abriter en attendant que la nuit tombe. Lorsque le soir est tombé, il reste à Grabert et à ses hommes 150 mètres à parcourir pour arriver sur leur objectif, mais toutes les trois à quatre minutes, les Anglais lancent une fusée éclairante au-dessus des ponts de l'écluse. C'est dans l'intervalle entre deux fusées que le sous-lieutenant et six de ses hommes gagnent, mètre par mètre, la distance qui les séparent de l'écluse.
Enfin, le pont. Deux hommes s'y engagent en éclaireurs, viennent ensuite le sous-lieutenant Grabert suivant la rambarde gauche et le sergent Janowski la rambarde droite. Les trois derniers hommes restent derrière eux en éventail pour protéger l'opération. Janowski cisaille le premier câble au même moment, il entend le sous-lieutenant qui murmure: "je l'ai", il lui rétorque: "moi aussi". Mais où vont ces câbles? Probablement sous la culée. Il doit y en avoir d'autres pour détruire le reste du pont, mais où? Ils rampent maintenant en direction de l'autre rive du canal. Si l'ennemi à le moindre soupçon, à tout moment, le pont peut sauter avec eux. Janowski arrive au bout du pont et se laisse rouler sur la pente de la rive jusqu'au chemin de halage, là il peut se redresser. Une fusée éclairante lui montre deux câbles qui s'enfoncent sous le tablier. Au moment même où le bout sectionné tombe sur le sol, il en sort une gerbe de flammes bleues. Janowski vient de sectionné la mèche lente avant qu'elle n'ait fini de brûler.
Le sous-lieutenant Grabert se doute qu'il existe un second système de mise à feu électrique, et avec ses hommes, se mettent à sa recherche. Ils regardent partout et le découvrent accroché aux poteaux télégraphiques. Le sous-officier et un homme sont laissé en arrière-garde à mi-chemin entre les deux ponts. Les autres s'approchent de l'écluse et arrivent devant un café d'où semble sortir des câbles qui vont en direction du pont de chemin de fer et de l'écluse. Grabert saute aussitôt sur les câbles et les sectionnent. Rejoint par l'arrière-garde, le groupe emprunte le pont de l'écluse pour le retour: ils ont eu de la chance. L'autobus n'est plus qu'une épave, quatre heures de marche les attendent. Mais encore une fois ils ont de la chance. En traversant les ruines de Nieuport, ils trouvent une voiture anglaise abandonnée les clés sur le contact. Sur la route, ils rencontrent la pointe de l'infanterie, qui ne tardera pas a établire une solide tête de pont à Nieuport.
A Ostende, un général les reçoit royalement: la Flandre ne sera pas inondée. Le sous-officier obtient la croix de fer de 1ere classe et le sous-lieutenant Grabert un savon soigné. L'état-major de l'armée qui, le lendemain a visité les ouvrages, s'est aperçu que le groupe avait quitté les lieux sans débarrasser les chambres des explosifs. Un malheureux obus aurait pu causer un désastre. Il est néanmoins nommé lieutenant. Sa section va constituer le noyau de la nouvelle 8e compagnie reformée à la fin de l'été à Baden.
Source: La division Brandebourg 1939-1945 par Eric Lefevre aux presses de la cité 1984.
georges, Posté le dimanche 11 décembre 2005 04:51
division presque pas connue, merci pour nous la faire connaitre.